Le vernissage d’un très ambitieux projet molignard
Château de Maredsous: vernissage d’un très ambitieux projet
Rendez-vous d’amateurs de culture mais aussi de patrimoine, jeudi soir au château de Maredsous. Ses propriétaires, Alexandre de Radiguès et son épouse Damasine, y organisaient le vernissage d’une exposition (et vente) d’œuvres de Félix Roulin (elle se tient jusqu’au 15 août, sur rendez-vous via le 0474 96 02 55). Ce dernier a notamment été élève puis professeur à l’école des métiers d’art de l’abbaye, située à quelques centaines de mètres de là.
Une abbaye dont l’histoire est liée au château de Maredsous, c’est même lui qui lui a donné son nom. On est non loin du village de Maredret, et se trouvait là jadis un ensemble de bâtiments, une espèce de hameau, de « petit Maredret », ce que veut dire Maredsous.
L’arrière-arrière grand-père d’Alexandre de Radiguès s’y est installé au XIXe siècle. En 1868, l’un de ses fils a absolument voulu qu’on crée dans la région une abbaye bénédictine, il est allé la « chercher » à Beuron (Allemagne). C’est ainsi que 8 moines sont d’abord arrivés au château de Maredsous. Ils y sont restés jusqu’au 15 octobre 1872, jour de la Sainte-Thérèse et de la procession qui les a menés à l’abbaye, tout juste construite. À laquelle on a donné le nom de Maredsous, d’où la communauté religieuse venait. Par la suite, le château est resté base arrière d’ancêtres de l’actuel propriétaire, issus de la région tournaisienne. Les derniers occupants étaient encore de vagues cousins.
Alexandre de Radiguès a racheté. Il s’est par ailleurs lié d’amitié avec Félix Roulin, d’autant plus « local » qu’il a eu un atelier à Maredret et est actuellement basé à Biesmerée (Mettet). Voilà comment est née de cette exposition, également inaugurale d’un vaste chantier à mener. Parallèlement, l’artiste installe des œuvres permanentes dans la propriété. Vingt-cinq hectares de nature en plus des bâtiments.
On peut donc parler de double vernissage jeudi soir. Félix Roulin, 93 ans, commentant ses œuvres et signant des catalogues, tandis qu’Alexandre de Radiguès ne rechignait pas à faire visiter les lieux et à expliquer comment il veut les faire revivre. Un permis de rénovation a été introduit pour ce bien, qui n’est pas classé, malgré son caractère assez unique.
Il y a du boulot…
Suivez le guide. Constat en pénétrant dans le mastodonte de pierre: il n’a pas été entretenu durant très longtemps. Ça désole et fâche même Alexandre de Radiguès. Bien du gâchis aurait pu être évité. Mais des équipes d’ouvriers, en attendant le permis, ont déjà assaini les murs et boiseries intérieurs, arrachant ce que l’humidité a abîmé. Vingt-trois conteneurs de gravats ont été évacués, opération préalable indispensable. On a aussi évité de justesse que le cloître ne s’écroule. Le chantier s’annonce énorme, mais on comprend le potentiel tout aussi énorme des lieux.
Le projet des propriétaires: y créer une trentaine de chambres, pas sous forme d’hôtel mais de gîte. Et mêler l’événementiel au logement: plutôt des séminaires d’entreprises en semaine, des mariages et autres événements familiaux le week-end (deux salles de réception sont prévues). Il faut écrire que le château de Maredsous a des atouts très originaux, outre son cadre naturel exceptionnel. Comme une chapelle ou encore une grande salle de banquet, où descend un vieil ascenseur, qui fut l’un des premiers de Belgique, excusez du peu.
Objectif: rendre au château sa splendeur, défi un peu fou, Alexandre de Radiguès le reconnaît. Il va de l’avant avec un but précis, mais une partie de la stratégie est encore à construire. L’enthousiasme, en tout cas, est bien présent, il a réussi à le transmettre aux nombreux invités du vernissage. Des expositions, il y en aura peut-être encore, pour promouvoir des artistes locaux, explique Alexandre. Mais occasionnellement, ce n’est pas son métier. Il voit ça comme des « pop up » expos. Mais ce qu’il voulait surtout, c’est mettre en valeur l’œuvre et les œuvres de son ami Félix Roulin, lequel mériterait, selon son hôte, d’être bien mieux coté qu’il ne l’est.
L’aventure ne fait que commencer, et c’en est une. Pour le moment, dans sa demande de permis, elle est aussi administrative: « on » ennuie quelque peu Alexandre de Radiguès avec la protection d’un castor ou de chauves-souris. Mais cela n’entrave pas un optimisme communicatif.
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