Maredsous: de retour d’Arabie saoudite, où il peint sur des barils de pétrole
A découvrir au château de Maredsous, les oeuvres d’un artiste local dont l’atelier se trouve… à Riyadh.
Son père, Alexandre de Radiguès, est le propriétaire du château de Maredsous, depuis 2022, Lequel s’est lancé dans sa restauration, le but étant d’y créer des gîtes (24 chambres), un espace de réception pour 250 personnes, tout en y proposant des événements. La restauration, vu l’état des lieux, n’est pas près d’aboutir. Mais d’emblée, il s’agit de proposer des animations. Pour le festival Dragonia, qui devait se tenir le week-end dernier, c’est raté. La Commune d’Anhée ne l’a pas autorisé, il s’est finalement tenu au château de Spontin (Yvoir) et a attiré 8 000 personnes.
Plus modestement et en attendant d’autres événements, le public défile quand même dans les environs. Le terminus des draisines de la Molignée se trouve à quelques centaines de mètres, il y a une heure de battement entre le trajet aller et le trajet retour. Beaucoup de touristes en profitent pour se lancer dans une petite randonnée qui passe par le château de Maredsous, l’abbaye (un chemin les relie), avant de redescendre dans la vallée de la Molignée. Par ces beaux jours, le « juicy bar » installé devant le château en travaux est bien fréquenté (il ouvre le vendredi et les week-ends.)
Alexandre de Radiguès s’est parallèlement lancé dans une « art walk » dans les jardins, auxquels chacun a accès librement. Des œuvres de l’artiste local Félix Roulin s’y trouvaient déjà, d’autres viennent de s’y ajouter. Ce sont celles de John de Radiguès, fils du propriétaire, dont le parcours est assez étonnant. Son atelier se trouve à Riyadh, capitale de l’Arabie Saoudite, où il passe 6 mois par an. L’hiver. En été, là-bas, il fait insupportablement chaud.
Hébergé gratuitement par la famille Ben Laden
Comment ce garçon de 26 ans a-t-il atterri au Moyen Orient ? Sa formation en économie (à Leuven et Maastricht) ne le prédestinait pas à une carrière artistique, dans laquelle il se lance pourtant: « J’ai toujours eu cette fibre, j’ai décidé d’en faire ma vie ». Une visite en Arabie saoudite l’a inspiré, il y a créé un atelier par un concours de circonstances. Le début de cette aventure exotique ? « J’ai fait des fresques pour des privés, à Ixelles. J’ai parlé de Ryadh avec le patron de l’entreprise qui m’avait passé la commande, il m’a dit que son épouse travaillait avec des Saoudiens, la famille Ben Laden ». C’est de cette manière que les contacts se sont noués, enfin, si on peut dire. Grâce à ces contacts, John de Radiguès a découvert le sens de l’hospitalité d’une grande famille de là-bas: « Je n’ai jamais rencontré ces gens. J’ai débarqué à l’aéroport, une voiture avec chauffeur m’attendait. Il m’a amené dans un grand appartement, que j’occupe gratuitement. sans autre occupant dans l’immeuble, surveillé par un garde. Quand je suis arrivé, le frigo était rempli ».
Quant à l’atelier de John, il se trouve dans la périphérie de Ryadh. Il a été mis à disposition par la première société saoudienne à s’être lancée dans le cinéma, « Nebras Films ».
Quel style d’œuvres y produit John de Radiguès, dont le nom d’artiste est JRC ? Il décore des barils de pétrole. L’une de ses réalisations, faite de 10 barils et haute de 3,5 mètres, se trouve à l’ambassade de Belgique à Ryadh. Le monde étant décidément petit, souligne John, « l’ambassadeur, Pascal Grégoire, est Namurois ».
Question au jeune artiste: mais quel est donc l’intérêt des Saoudiens de lui dérouler de la sorte le tapis rouge ? « L’investissement dans l’art, comme dans le sport, fait partie de leur politique de soft power, de leurs efforts de légitimation. Je vends via une galerie dont une princesse fait partie du board. J’exposerai par ailleurs bientôt dans la galerie de la première Saoudienne diplômée de la London Art School ».
Au château de Maredsous, les bases des œuvres de John ne sont pas des barils. Il expose chez papa, dit-il, tout en ayant un contact avec les autorités namuroises pour la réalisation de fresques dans la capitale wallonne. À l’automne, il retournera à Riyadh. Chez ses mécènes.
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